This is Halloween, this is Halloween ! (Libre)

# En effet, je me méfie de toi.

Elle se leva et alla ouvrir la porte de secours pour laisser entrer un peu d'air frais. Ses cheveux volaient au vent, et lui donnaient un air presque irréel. Si je n'avais pas été habitué à voir la même expression que la sienne sur mon visage à chaque fois que je regardais un miroir, j'aurais pu croire qu'elle n'était qu'un tableau. L'air frais glissa sur son corps et vint rafraîchir le mien. J'en eu un peu la chair de poule. La réponse qu'elle m'avait donnée ne m'avait pas étonnée. Si j'avais été à sa place j'aurais répondu la même chose, mot pour mot. Je me méfiai d'elle aussi, mais en même temps, elle m'intriguait. Le vent caressa mon visage. Je tournai un peu pour protéger mes yeux, qui étaient sensibles au vent. Je n'aimais pas que le vent fasse couleur une larme ou deux le long de mes joues. Une fois que le courant d'air fut apaisé, je tournai à nouveau le visage vers la fille. La musique me parvenait jusqu'aux oreilles mais ne me parlait pas vraiment. Je ne me retrouvais pas dans leurs musiques, et heureusement. Ce groupe et moi n'étions pas du même monde. La principal différence entre eux et moi était qu'ils étaient capables de rire, d'aimer, de s'amuser. Capable de s'exprimer de manière simple et parfois directe. J'étais tout le contraire. Eux étaient aimés pour ce qu'ils étaient. J'étais haï pour ce que je n'étais pas. Ou plutôt, pour ce que je faisais semblant d'être. Et bien souvent, j'étais transparent. Je soupirai, et retournai jeter un coup d'oeil dans la salle, en entrouvrant la porte qui menait ici. Yeomin s'était assis dans un fauteuil, je pouvais discerner son visage grâce à une faible lueur qui parvenait jusqu'à l'endroit où il se trouvait. Je ne pouvais pas me risquer à sortir pour regagner ma loge. Et la porte de secours menait à l'extérieur du temple, il aurait été impossible de regagner ma chambre par cette porte. Je soufflai, et m'apprêtai à refermer la porte quand Yeomin me vit. Il se leva et se dirigea vers moi à grands pas. Je restai planté là, impassible, mais à l'intérieur j'étais terrorisé. Cet abominable cousin était un de mes pires cauchemars.

# Qu'est ce que tu fais là ?
# Je n'ai pas à me justifier.
# T'as peur que j'dise à ta maman que tu fréquente un traître à son sang ?
# Je ne vois pas de quoi tu parles. Vas t'en.

Il me foudroya du regard. J'étais cuit. Il savait que je continuais à voir Ju Yeong. J'allais être convoqué chez moi ou chez lui le lendemain matin dès la première heure pour que les adultes décident de ma sentence. Il laissa échapper un sourire sadique, avant de se retourner et de sortir de la salle. Il était sûrement parti écrire une lettre à sa mère. Je fermai la porte, interloqué. C'était un cauchemar, rien qu'un cauchemar. J'allais vite me réveiller. Je fermai les yeux, adossé à la porte, puis les rouvris en espérant me réveiller dans ma chambre. Seulement, j'étais toujours dans cette pièce, face à cette sorcière, il y avait toujours cette ambiance festive tandis que j'étais totalement pétrifié. Je sentais un picotement me parcourir le corps et le visage, et il me sembla même qu'il allait jusqu'à la pointe de mes cheveux. Le regard perdu dans le vide, je ne bougeai pas. Mon coeur battait à tout rompre, et mon esprit n'était pas clair. Ma vie était fichue. Et en danger. Je tremblai. Je décidai de faire comme si de rien n'était, et allai m'asseoir à nouveau dans le beau canapé victorien, prenant un verre en cristal dans lequel je me servis un whisky pur feu, que je bus d'une traite. Moi qui n'étais pas habitué à l'alcool... Je toussai un bon coup, brûlé à la gorge par le liquide, et laissai par accident tomber le verre par terre. Il se brisa en mille morceaux. On aurait dit un amas de paillettes. Je ne réagi même pas. Ma respiration était profonde, irrégulière. Je regardai le verre brisé, inexpressif. A force de couver mon cousin dans le secret, il fallait bien qu'un jour je sois découvert. Mais pourquoi avait-il fallu que ça arrive le soir où il était particulièrement heureux ? Mieux valait que je lui cache la vérité. Qu'il ne sache pas que le courroux des matriarches allait s'exercer contre moi. Je ne voulais pas qu'il soit inquiet ou qu'il se culpabilise. Après le concert, j'allais essayer de me comporter comme d'habitude pour qu'il ne remarque rien. J'avais oublié la présence de la demoiselle qui se tenait à la porte de secours. J'étais comme plongé dans mes pensées.

Je respirais profondément quand le garçon se décida d'aller ouvrir la porte qui rejoignait la grande salle. Mon regard fut attiré par celui-ci, immédiatement ; je regardais ces déplacements, ces gestes, je le surveillais en quelque sorte. Hors de question que cet homme fasse rejaillir les souvenirs qui me hantaient depuis bien trop longtemps. Je me demandais ce qu'il pouvait bien faire en restant planté derrière une porte semi-entrouverte. Il s'apprêtait à la refermer, mais je pu apercevoir le corps d'un homme s'approcher. Je n'arrivais pas à discerner pas son visage mais pour le peu que je puisse voir, je me suis dis que c'était un homme très imposant, intimidant et très dangereux. Le genre d'homme à ne pas approcher. Je décida de retourner mon regard vers le paysage presque invisible de l'obscurité de la nuit. J'entendis alors des mots, les phrases m'étaient incompréhensible à ma place.

# ... que ... fais là ?
# Je ... à me ...fier.
# T'as peur ... j'dise à ... que tu fréquente un traître ... ?
# Je ... pas de quoi tu .... Vas t'en.

La voix grave de l'homme imposant me fis frissonner, me clouant sur place. Elle ferai frissonner n'importe qui, même ceux avec le plus gros cœur de marbre. Je regardais en face de moi, les yeux grand ouvert. L'homme qui avait l'air de menacer celui au cheveux roses me fit repenser au monstre si durement enfoui en moi. Je ne me retourna même pas quand la porte se ferma, je fermai les yeux, cherchant autre chose à penser. L’ambiance s'était transformé. Je jetai un regard vers le garçon adossé au mur. Je l'observais discrètement. J'avais passé toutes mes précédentes années à observer les gens et leurs comportements ; et celui du garçon de marbre ressemblait bien à quelqu'un qui faisait semblant que tous allait bien mais qui, au font, tout allait mal. Quand il se leva, impassible comme avant, je ne pus m'empêcher de lâcher un petit sourire presque moqueur. Il cache bien son jeu celui-là. Une ombre presque humaine vint attiser ma curiosité. Qu'est-ce que c'était ? J'avançai d'un pas pour aller voir de plus près la forme intrigante quand j'entendis un fracas derrière moi. Je me retournai vivement et aperçus un amas de bout de verre par terre, le garçon au cheveux rose au milieu. Il est fou ?! Il aurait pu se blesser... Hein ? Voilà que je me mets à penser aux inconnu. Je soupirai un bon coup avant de sortir dehors. Je m'arrêtai au bout de quelque mètres, repensant à cet homme qui semblait perdu même si il paraissait normal. Shim Na Yung ? Tu vas faire quelque chose dont tu regrettera peut-être. Mon corps fit un demi-cercle pour se retrouver en face des coulisses. Je rebroussais chemin. L'homme était toujours planté dans les bouts de verres étalés, toujours aussi inexpressif et froid. Je me dirigea vers lui et le poussa doucement pour qu'il s'éloigne des morceaux tranchants.

- Pousses-toi de là. Tu vas te faire mal sinon.

Ma voix était toujours aussi froide. Je me baissa doucement pour ne pas abimé la robe de Sung Hae, et ramassa les morceaux. J'aurai bien voulu faire un sort de réparation mais je n'avais pas pris ma baguette. Je me releva, faisant un regard froid au garçon avant de me retourner pour aller jeter les morceaux à la poubelle.

Le fracas du verre sembla attirer l'attention de la jeune fille. Elle regardait par ici. Puis elle se tourna vers la porte qu'elle avait ouverte, et se mit à marcher. Elle était sortie, et moi j'étais toujours là, le regard perdu dans le vide, à penser à ce qui allait m'arriver. Je jetai un coup d'oeil à la porte, qui était à présent fermée et que je n'aurais d'ailleurs jamais dû ouvrir. Un geste me fit revenir à moi-même. Shim Na Yung me poussait. Je levai instinctivement les bras jusqu'à mon visage.

# Pousses-toi de là. Tu vas te faire mal sinon.

Malgré son ton froid, ses mots me rassurèrent. Elle ne m'avait poussé pour me faire du mal mais plutôt pour me protéger, à sa manière. Je la regardai avec la bouche entrouverte, baissant lentement ma garde - et mes bras. Elle ramassa le cristal brisé et alla le jeter à la poubelle. Je l'observai. Quelque chose me picotait la paume de la main. Je baissai les yeux, et vis du sang couler au goutte à goutte par terre. La coupe brisée avait fait une entaille assez profond dans ma main. Je tirai ma manche de chemise pour cacher la blessure.

# Je... Euh... Désolé.

# Je... Euh... Désolé.

Pour je-ne-sais qu'elle raison, son geste m'avait énervé. Peut-être parce que sa présence me perturbait, m'intriguait. Ou était-ce parce que j'avais l'impression que les hystériques de la salles criaient encore plus fort. Je respirai un grand coup et entendis des battements d'ailes s'approcher de moi. Ma chauve-souris ! Elle était passé par la porte de secours toujours entrouverte.

- Je me demandais bien ou t'étais passé. J'me faisais du souci tu sais.

Je n'avais pas la même voix quand je parlais avec ma chauve-souris. Elle était beaucoup plus chaleureuse et douce qu'avec les humains. Je l'aimais beaucoup, énormément. C'était ma première amie, celle qui m'avait soutenu pendant ces périodes si froides, après l'incident. Je me dirigeai de nouveau vers la porte qui faisait entrer l'air frais dans la pièce, - suivi de ma chauve-souris- toujours attirer par l'étrange forme vu auparavant. Mais mon amie en décida autrement, elle se précipita vers le jeune inconnu, et plus précisément vers sa manche. Ce n'était pas normal, d'habitude elle se précipite comme ça que quand elle voit ou sent du sang humain, bien qu'elle soit "végétarienne". Elle aime juste l'odeur du sang.

- Hai ! Arrête !

Je lui avait demandé d’arrêter, très fermement. C'était la première fois que je lui disais une chose aussi sérieusement. Elle dû se sentir vexer car elle décida de s'en aller. Je soupirai encore une fois. En baissant les yeux, je découvris quelques gouttes de sang tombé par terre. J'ouvris grand les yeux, et ma bouche s’entrouvrit, comme à mon habitude quand je suis étonnée. J'avançai et lui pris le bras avant de lui remonter la manche. Maintenant je comprenais pourquoi Hai tournait autour de sa main : elle baignait dans le sang !

- T'es un idiot ou quoi ?!

Il m'énervait et je n'en connaissait pas la raison. Il avait voulu cacher un si grosse blessure. Sa aurait pu s'empirer ! Je l'emmena de force dans une loge et pris une trousse de secours. Pourquoi je fais ça ? Je connais même pas son nom ! J'enroulai une bande autour de sa main après l'avoir nettoyer. Il me frustrait. Je ne comprenais pas pourquoi je le soignais, parce qu'il m'intriguait ? D'habitude, je n'aurai jamais approché un inconnu comme ça, même s'il était à l'agonie.

# Je me demandais bien ou t'étais passé. J'me faisais du souci tu sais.

Je ne savais pas à qui elle parlait. On était pourtant seuls dans pièce. Ma main me picotait. Soudain, quelque chose s'approcha de moi en tournoyant. J'eus un mouvement de recul, surpris. Un petit animal, comme une sorte de gros papillon ou... Une chauve souris ? Elle s'approcha de ma manche sanglante. Mes yeux étaient ronds comme des soucoupes, et je me mordais un peu la lèvre. Qu'est ce qu'elle a ? Shim Na Yung semblait la connaître.

# Qu'est-ce que...
# Hai ! Arrête !

La chauve souris reparti aussitôt. La jeune fille quant à elle s'approcha de moi, me prit le bras et releva ma manche. Je ne voulais pas qu'elle le remarque. Personne ne s'était jamais inquiété pour moi et il n'y avait aucune raison que cela change. Elle me regarda d'un air furieux.

# T'es un idiot ou quoi ?!

Je ne répondis même pas. Les événements étaient trop rapides et trop neufs. Je n'avais pas l'habitude qu'on me touche, qu'on me parle, qu'on m'insulte. Et même qu'on me regarde. Elle m'emmena de force dans une loge et attrapa une trousse de secours. Lorsqu'elle entreprit de nettoyer ma blessure, je tentai en vain de retirer ma main de son étreinte.

# Qu'est-ce que tu fais ?!

Elle passa une bande autour de ma main, comme une sorte de bandage. Quand elle lâcha enfin ma main, je la ramenai vers moi comme pour la protéger puis baissai la tête, inspectant le bandage. C'était le premier que j'aie eu dans toute ma vie. On ne s'était jamais occupé de mes blessures, surtout lorsque j'étais au manoir. Je regardai finalement ma guérisseuse.

# Ce n'était qu'une égratignure. Tu n'étais obligée de faire ça.

Je baissai le regard vers le sol. Beaucoup de gens auraient trouvé son geste normal. Mais pour moi, c'était gentil. Trop gentil pour que je sois capable d'encaisser.

Il inspectait le bandage. Je ne souriais pas même si au fond, j'étais assez fière de moi à la vu de la bande si bien enroulé. Il releva sa tête pour croiser mon regard redevenu froid.

# Ce n'était qu'une égratignure. Tu n'étais obligée de faire ça.

- En effet. Mais je l'ai quand même fait.

Je ne m'étais pas sentie obligé de le soigner. J'avais juste ressentie le besoin ce moment, d'aider quelqu'un. Un frisson traversa mon corps. J'avais touché l'inconnu. Je me releva doucement, en faisant attention à ma robe pour ne pas l'abimer. Je me dirigeais vers la porte pour ressortir. Trop de contact physique avait été fait ce soir. Le baiser de Sung Hae, la danse avec lui, son autre baiser sur le front puis le court moment presque main dans la main avec cet inconnu aux cheveux roses. Je me retournai un moment pour regarder l'inconnu qui fixait le sol.

- Et, elle est loin d'être méchante mais tu l'as.. comment dire.. attiré. Je suis désolé qu'elle t'ai embêté.

Mais sans elle, je n'aurais pas su que tu t'étais fait mal... Et tu serais resté planté là. A souffrir. J'en connaissais un rayon sur la souffrance, mental comme physique. Oh non, je n'avais pas pitié de lui. Au contraire, il avait beau être un être froid et distant -tout comme moi- , il ressentait quand même des sentiments, des sensations -tout comme moi- et quelque chose lui faisait peur, même très peur -tout comme moi. Il m'impressionnait. C'est en refermant la porte derrière moi que je me rendis compte que cet inconnu me ressemblais étrangement.

# En effet. Mais je l'ai quand même fait.

Elle s'éloigna alors que je baissai la tête au sol. Quelque chose au fond de moi me disait de ne pas trop me méfier d'elle, qu'il n'y avait pas besoin de le faire. Mais comment faire confiance à quelqu'un, après tout ce que j'avais vécu ? Je me contentai de la remercier mentalement. Quoi que, le mot "merci" s'échappa peut-être dans un souffle d'entre mes lèvres. Je ne saurais dire si c'était le cas ou non.

# Et, elle est loin d'être méchante mais tu l'as.. comment dire.. attiré. Je suis désolé qu'elle t'ai embêté.
# Aucun problème. J'ai juste été surpris.

Ma voix était faible, froide mais faible. Presque un murmure. J'étais sous le choc. Il s'était passé beaucoup trop de choses impensables, j'étais perdu. Lorsque je levai les yeux pour la regarder, la porte était déjà en train de se refermer. Elle devait sûrement avoir deviné que j'étais quelqu'un de solitaire, et que j'avais eu trop de contacts humain pour la journée. Ou peut-être qu'elle avait simplement elle aussi besoin de solitude. J'étais donc seul dans une loge, dans laquelle reposaient les affaires d'un membre du groupe. Dans un coin, il y avait un vieux canapé à l'air bien confortable et moelleux. Il y avait une veste qui y était posée. Pensant qu'il s'agissait de la veste de mon jeune cousin, et ayant quelques frissons car la pièce était plus fraîche, je pris la veste et me la mis sur les épaules. La capuche recouvrait mes cheveux roses. Je ne portais jamais ce genre de vêtements d'habitude, c'était bien trop décontracté pour moi. Je pris place sur le canapé, pensif. Petit à petit, je me laissai tomber sur le côté, jusqu'à tomber endormi, emmitouflé dans le sweat à capuche.

Le concert était enfin terminé. Je m'étais bien amusé sur scène, et j'étais particulièrement fier de mes musiciens qui avaient assuré. Le public en réclamait encore, mais nous avions déjà dépassé de 5 minutes le temps qui nous était accordé. Je remerciai le public, annonçant la fin du concert, et remerciai également toute l'équipe qui avait aidé à l'organisation du concert. Je glissai au passage une petite publicité pour notre album qui était en vente auprès des membre et de notre manager Wan Hyung. Après avoir salué le public encore trois fois en nous tenant tous les quatre les mains, nous nous lâchâmes pour emprunter le petit escalier qui menait aux coulisses. Je laissai les autres membres passer en premier, et descendis enfin pour admirer à nouveau ma magnifique cavalière dans sa robe de bal. J'étais mouillé de la tête au pieds, car pendant le concert j'avais vidé sur moi une bouteille d'eau pour me rafraîchir. J'attrapai une serviette et m'essuyai rapidement les cheveux, histoire de ne pas trop risquer d'attraper froid, et sourirai à Na Yung, des étoiles dans les yeux.

- Alors, ça t'a plu ? Tout s'est bien passé ici ?

J'avais une envie folle de l'embrasser à pleine bouche, mais je me retins. Je l'avais assez tourmentée comme ça, pas la peine d'en rajouter. Je mis ma serviette autour du cou, et baissai le regard un court instant. Je remarquai quelque chose de rouge par terre. Du sang ? J'aurais pu croire que ça faisait partie du décor, mais il avait l'air assez frais. Je fronçai les sourcils, inquiet.

- C'est toi qui a saigné ? Tu t'es blessée ?

La foule en délire en réclame davantage. Pour ma part, je suis totalement épuisé. J'enlève la sangle de ma guitare et la repose sur son socle, avant d'attraper une canette de bière bien fraîche et de la boire d'une traite. Après quoi je m'essuie sur le revers de la main. Sunghae remercie tout le monde, fait la pub pour notre album, on salue le public, et on peut enfin descendre. C'est pas que ça ne m'a pas plu hein, au contraire. J'ai adoré ça. Mais il y a une heure à tout, et maintenant je suis bien décidé à me détendre un peu. A peine descendu, je fonce vers ma loge, adressant un grand sourire à Noona au passage. Je fouille mon sac pour récupérer mon herbe, mes feuilles et mon briquet, mais je ne trouve aucun briquet. J'ai dû l'oublier dans ma chambre. Je réfléchis un instant, et décide finalement d'aller fouiller dans le sac de Ryôga, il me semble qu'il en a toujours un sur lui au cas où quelqu'un en aurait besoin. Et je suis dans le besoin. Je sors de ma loge pour entrer dans celle de Ryôga. Bizarrement, je vois une trousse de secours ouverte sur le plan de travail, et quelques petites gouttelettes de sang qui font le chemin de la porte jusqu'à cette trousse. Je me retourne, et vois quelqu'un endormi sur le canapé, vêtu de la veste de mon bassiste. Je fouille son sac et une fois le briquet trouvé, je sors.

- Ryôga, y a quelqu'un qui dort avec ton sweat sur le dos dans ta loge. Sunghae, j't'en roule un ?

Je prends place dans un fauteuil et commence à rouler mes joints. Une fois qu'ils sont prêts, j'en tends un à mon meilleur ami et allume le mien. La drogue douce, ça me vend du rêve. J'oublie tous mes problèmes grâce à elle. Je m'évade.

La dernière chanson de notre playlist prend fin. Je regardai les autres un par un, avec un sourire su genre "On a réussi, notre premier concert !". Vient alors le moment de descendre de la scène et de se diriger vers le buffet. Que de bonnes choses : du chocolat, des biscuits, bref, c'était la perfection. J'eus à peine le temps de prendre un biscuit que quelqu'un m'interpella.

- Ryôga, y a quelqu'un qui dort avec ton sweat sur le dos dans ta loge. Sunghae, j't'en roule un ?

Quelqu'un qui dort dans ma loge ? Avec mon sweat en plus... Je n'espérai une chose, c'est qu'il n'avait pas trouvé le dessin de Hyun-Su je j'avais fait avec soin et que je travaillais depuis quelques semaines. Je me précipitai dans ma loge pour voir qui était la personne qui avait le culot de s'incruster dans ma loge et de prendre mon sweat. J'ouvris doucement la porte à moitié refermée puis me dirigeai vers l'intrus. Je lui retirai la capuche de mon sweat. C'était Hyun-Su. Que faisait-il ici ? Je n'en savais rien, et je n'allais pas chercher, j'étais trop occupé à regard si mon dessin était encore dans ma poche. Mes yeux grossirent quand ma main atterrit dans la poche... vide. Pris de panique, je courus vers la salle où se trouvait le reste du groupe, Na Yung et les autres invités.

- J'ai un trèèès grooos problèèèème !

Bon OK, j'avais l'air un peu débile à crier ça devant tout le monde, mais je paniquais, et j'étais incapable de me retenir.

C'était encore un sommeil sans rêve. Je serrai contre moi le bout de tissus qui me recouvrait. Le vêtement était chaud, confortable, doux. J'eus l'impression qu'on me touchait. Le bruit de la porte me réveilla. J'ouvris les yeux, me redressai lentement, encore à moitié endormi. La porte était entrouverte.

# J'ai ... grooos ...blèèèème !

Je me frottai la tête, décoiffant mes cheveux. Mon regard balaya les alentours, jusqu'à s'arrêter sur un bout de papier qui traînait par terre. Qu'est-ce que c'était ? Je me levai avec difficultés, m'étirais et me baissai finalement pour attraper la feuille du bout des doigts. Je m'assis à nouveau sur le canapé, regardant le papier plié en quatre. Est-ce que je devrais l'ouvrir ou non ? Après tout, quelqu'un avait peut-être voulu me laisser un message pour quand je me réveillerai. Après un moment d'hésitation, j'écartai les coins du papier, et découvris un dessin inachevé. Je fronçai les sourcils, confus. Ce visage me disait quelque chose. Les traits fins, de grands yeux inexpressifs, un peu masqués par des mèches de cheveux qui tombaient jusqu’à son regard. En relevant la tête et apercevant mon reflet dans un miroir, je compris qu'il s'agissait de mon portrait. Surpris, je repliai immédiatement le papier, et le remis à terre, à l'endroit où il était. Mais j'étais tout de même assez curieux de savoir qui avait réalisé ce dessin - qui d'ailleurs était très réussi. Je le pris alors à nouveau dans les mains, le mis dans la poche de la grande veste et ouvrai la porte. Je rejoignis tout le monde, un peu nerveux. Personne ne semblait avoir remarqué ma présence. Je restai debout, derrière tout le monde, les mains dans les poches.

J'étais perdu dans mes pensés lorsque j'entendis les acclamations du public. Je vis le corps d'un membre du groupe - dont je ne connaissais pas le nom - qui descendait les escaliers suivi de Kurosawa Ryôga, Ju Yeong - qui me fis un grand sourire - et 'enfin Sung Hae. Je reculais de quelques pas vers un coin quand les trois premiers membres du fabuleux groupe passèrent devant moi. Je vis Sung Hae tout mouillé, il allait attraper froid... Heureusement qu'il avait une serviette pour le réchauffer. Il se tourna vers moi avec de nouveau, un sourire aux lèvres.

- Alors, ça t'a plu ? Tout s'est bien passé ici ?

J’acquiesçai avec un petit sourire timide. Tout c'était bien passé, enfin.. Je ne m'étais pas ennuyée.. Sung Hae baissa les yeux et vis les taches de sang de l'inconnu aux cheveux roses. Il releva la tête, l'air inquiet.

- C'est toi qui a saigné ? Tu t'es blessée ?

Il était si gentil.. Les gens avait plus tendance à m'éviter qu'à s'inquiéter pour moi. De toute façon, j'avais beau disparaître, ils ne me remarquerais même pas. Cela me rappelais le jour où ma classe de troisième année avait organisé une petite fête pour fêter noël. Ils avaient tous eu une invitation, sauf moi. Je me rappelais aussi le jour où je m'étais fait très mal au genou que j'en avait les larmes aux yeux, personne était venu me voir pour demandé si j'avais besoin d'aide. Alors que deux jours plus tard, une fille s'était pincé le doigt et tous les gens de la classe l'entourait. J'avais bien pensé à disparaître définitivement ces jours là. Un picotement me pinça le cœur, le même picotement quand j'ai dansé avec lui. Je voulu lui dire que ce sang n'était pas le mien et que je n'étais pas blessé mais la voix de Ju Yeong me coupa.

- Ryôga, y a quelqu'un qui dort avec ton sweat sur le dos dans ta loge. Sunghae, j't'en roule un ?

Un quoi ? Ju Yeong s'était assis dans le canapé et faisait je-ne-sais-quoi avec un bout de papier. Ryôga partit vers la loge où l'inconnu et moi étions installé auparavant, pendant que je lui m'étais la bande.

- J'ai un trèèès grooos problèèèème !

Ryôga sorti presque paniqué. Je ne fis pas attention à ce qui se passait. Mon regard fut attirer par le corps du garçon froid, qui était sorti de la loge. J'eu un petit rire intérieur, personne ne l'avait remarqué à part moi. Mais je fis mine de l'ignorer. Je laissais l'ombre intrigante envahir mon esprit. Qu'est-ce que c'était ? Quelqu'un ? Un animal ? Je continuais de regarder la porte de secours entrouverte, inexpressive.

- ... Sunghae, j't'en roule un ?

Je tournai la tête vers Ju Yeong, débarquant totalement. Bien sûr je savais de quoi il parlait, mais je ne m'y attendais pas à ce moment. Il n'attendit même pas ma réponse et prépara nos joints. Un geste du quotidien dont il avait pris l'habitude. Lorsqu'il me tendit celui qui m'était destiné, je le pris et lui ébourrifai les cheveux.

- Merci, t'es génial.

J'étais tellement épanoui de la réussite de notre concert que j'avais l'impression de tout découvrir à nouveau. Y compris la complicité naturelle et fusionnelle qui nous unissait, mon meilleur ami et moi. J'allumai mon bout de rêve grâce au briquet que Ju Yeong avait laissé posé sur sa cuisse, et tournai la tête pour éviter de cracher la fumée au visage de Na Yung. Je ne savais pas si elle avait déjà fumé dans sa vie. Qui sait, elle avait peut-être horreur de ça. Peut-être aussi qu'elle était asthmatique ou fragile. Je ne voulais pas prendre de risque. Une soirée sans belle magie n'était pas une soirée de sorciers réussie. C'est pourquoi je m'amusai à donner des formes esthétiques aux nuages de fumée à chaque fois que j'en crachais un.

- J'ai un trèèès grooos problèèèème !

Je me tournai vers l'émetteur de ce cri de désespoir. Ryôga. J'aurais dû m'en douter - il a souvent des problèmes, et la plupart n'étaient pas si grave qu'il se l'imaginait. Il avait une fâcheuse tendance à dramatiser, comme un enfant. C'était une attitude très mignonne, mais qui me donnait encore un rôle de plus à jouer. Après le meilleur ami, le grand frère, le leader, l'ami, le séducteur ; je devais à présent endosser un rôle paternel. J'écrasai mon mégot dans un cendrier, et m'adressai à Ryôga d'un ton agréable.

- Calme toi, voyons. On est tous là. Qu'est-ce qui a ?

- Calme toi, voyons. On est tous là. Qu'est-ce qui a ?

- Tu vois le dessin que j'ai fait du beau garçon aux cheveux roses, Hyun-Su. Bah en fait... Il l'a trouvé.

Je me dirigeai vers Sunghae, et le pris dans mes bras.

- Et s'il avait deviné que j'étais amoureux de lui ?

Une larme coulait le long de ma joue et ma tête reposait sur l'épaule de Sunghae. Mes yeux se fermèrent.

- Tu vois le dessin que j'ai fait du beau garçon aux cheveux roses, Hyun-Su. Bah en fait... Il l'a trouvé. Et s'il avait deviné que j'étais amoureux de lui ?

Ryôga se mit à pleurer sur mon épaule. Je passai le bras dans son dos et le serrai contre moi, protecteur. Il me faisait de la peine.

- Il faudra bien qu'il le sache un jour de toute façon, non ?

Sa tête reposait contre mon épaule, et je lui caressai les cheveux doucement. On aurait dit un enfant qui avait besoin de soutien. Alors que je tentai de le consoler, Hyun-su passa à côté de nous, l'air totalement déconnecté de la planète. Je le suis du regard, soucieux qu'il ait entendu ce que nous venions de dire. Il prit un verre d'eau et s'assis sur le sofa, les yeux rivés vers le sol. Je desserrai mon étreinte sur Ryôga, gêné.

- Euhm... Ryôga...

- Il faudra bien qu'il le sache un jour de toute façon, non ?

Je n'arrivais pas à lui répondre, j'étais dans mes pensées. Qu'est ce que Hyun-Su allait penser de moi maintenant ? L'a-t-il bien pris ou, au contraire, l'a-t-il pris pour une insulte ? M'apprécie-t-il ? Mes lèvres finirent quand même par se décoller, et au bout de quelques secondes, je chuchotai :

- Plus ce sera tard, mieux ce sera.

Mes yeux étaient toujours fermés et ma tête posée sur l'épaule de Sunghae. -Qu'est ce qu'il était confortable... - Malheureusement, il me desserra rapidement.

- Euhm... Ryôga...

- Oui ?

Je n'avais aucune idée de ce qu'il allait me dire, je regardais son visage avec un air interrogateur.

- Oui ?

Il me regardait d'un air interrogateur. Apparemment, il n'avait pas remarqué Hyun-su qui était passé à côté de nous. Je pris doucement son visage et tournai sa tête vers l'endroit où était assis Hyun-su, les yeux rivés vers le sol. Avant qu'il ne puisse avoir une exclamation, je mis mon doigt sur sa bouche et m'approchai de Hyunsu en le tirant avec moi. Puis je me penchai à son oreille.

- Maintenant qu'il est courant, tu devrais te lancer. T'as plus rien à perdre.

Puis je lui ébouriffai les cheveux d'un air amical, avant de le laisser seul auprès de Hyunsu. Je n'avais aucune idée de ce qui pouvait bien se passer dans la tête de ce dernier. Je savais qu'il était en apparences quelqu'un de particulièrement froid et distant, mais Ju Yeong m'avait raconté que s'il était comme ça, c'était à cause d'un chagrin d'amour. Il était en réalité une personne sensible et émotive. Il prenait seulement tout sur lui au lieu d'extérioriser. A l'intérieur, il devait être bourré de sentiments refoulés, bons comme mauvais. Derrière ce masque sans expression, il avait certainement de nombreuses choses qui lui traversaient l'esprit.

Sunghae prit ma tête avant de la tourner vers un coin, un coin que j'aurais préféré ne pas voir, car il y avait Hyun-Su. Je sentis la main de Sung Hae me tirer vers lui.

- Maintenant qu'il est courant, tu devrais te lancer. T'as plus rien à perdre.

Si seulement c'était si facile. Il croit peut être que c'est si facile de débarquer devant quelqu'un et de lui dire :

- JE T'AIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIMME !

Mince, j'ai dit ça à voix haute, Que va-t-il penser de moi ? J'étais incapable de le regarder de nouveau, je m'enfuis vers les toilettes des loges et fermai le taquet. J'avais honte d'avoir crié ça. Et je ne ressortirai pas avant que Hyun-Su soit parti.

- Je t'aaaaaaaimmme !

Je levai la tête vers l'émetteur de ce son. Kurosawa Ryôga. Après avoir dit ça, il se précipita dans une autre pièce, alors que je sentais les regards sur moi. Je me levai alors, ne sachant pas vraiment pourquoi, et me dirigeai machinalement dans la même direction que lui. Je remontai un peu la fermeture éclair de la veste de Ryôga que j'avais sur les épaules, et m'approchai de la porte qu'il avait fermé derrière lui.

- Ouvre la porte, s'il te plaît.

Je restai appuyé au mur juste à côté de la porte, attendant qu'il l'ouvre. Pourquoi ? Je ne le savais pas. Peut-être que j'étais ému par ce qu'il m'avait dit, car personne ne me l'avait jamais dit - enfin, jamais sérieusement en tout cas.

- Ouvre la porte, s'il te plaît.

J'avais peur d'ouvrir la porte. Enfin, j'avais plutôt peur de sa réaction, j'avais la honte, lui qui était "l'infréquentable" et moi, le "petit garçon". Je n'imaginais même pas ce qu'il allait m'arriver une fois la porte ouvert. Je préférais gagner du temps.

- C'est qui ?!

Je savais très bien que c'était Hyun-Su, mais je n'étais pas prêt à ouvrir la porte, il était trop tôt.

Il y avait une ambiance assez bizarre, froide et chaleureuse en même temps. Sung Hae enlaçais son ami. Ju yeong fumait quelque chose qui sentait très fort ; l'odeur me fit tousser quelque fois. Le dénommé Hyun Su était assis sur un fauteuil le regard au sol, passif. Sung Hae et Ryôga se disait des mots, se parlait. Je ne pouvais pas entendre tellement ils parlaient bas.

- Je t'aaaaaaaimmme !

Hein ? Je me rappelle que Sung Hae m'avait déjà dit ces petits mots une fois, mais je ne pus les comprendre. Et je ne les comprenais toujours pas. Je suivais Ryôga des yeux toujours avec un regard froid. Sans savoir la raison, Hyun Su se leva pour aller le rejoindre. Un frisson me parcouru. Je n'étais pas très bien où j'étais, avec la fumée que Ju Yeong recrachait et ces hommes beaucoup trop près de moi. Je décida alors de sortir de la salle par la porte de secours - pour rester seule ; j'étais oppressée avec toutes ces personnes dans la petite salle. J'avais oublié ma cape, heureusement, la brise n'était pas très froide. Je m'avançais dans la pénombre, éclairé par la Lune. Je la regardais, elle était si belle ce soir. Je marchai, laissant la salle s'éloigner de plus en plus, transporté par la Lune. Je m'avançais petit à petit vers la forêt. Je voulais revoir ces grands chevaux noirs, imposants et si gentils. Je regardais alors derrière moi pour être sure de ne pas être suivit avant de m'enfoncer dans la forêt.

- C'est qui ?!

Je soupirai. J'essayai alors d'ouvrir la porte moi-même, mais le fait d'actionner la poignée ne suffit pas. Je sortis alors ma baguette de ma botte. Je l'avais toujours sur moi en cas de besoin. Puis je reculai de quelques pas, et la pointai vers la serrure.

- Alohomora.

J'entendis le taquet s'ouvrir, et avançai pour à nouvea actionner la poignée. Le jeune garçon se tenait là, dans cette pièce qui s'avérait être les toilettes. Fort heureusement, il n'était pas en train de les utiliser. Si ça avait été le cas, j'aurais été gravement gêné... Avant qu'il n'aie le temps de réagir à ma venue, des mots sortirent de ma bouche sans que je n'y réfléchisse longuement comme j'en avais l'habitude.

- Je ne sais pas si je t'aime, Kurosawa Ryôga. Néanmoins ta confession m'a touchée. Et ton dessin...

Je sortis le bout de papier de la poche de veste, le dépliai et le regardai à nouveau, avant de le lui tendre.

- Ton dessin est très flatteur. Je crois que tes paroles étaient sincères. Seulement, si je réponds par la réciprocité, je... Je ne pense pas que ce soit ce qui te rendrait le plus heureux...

Je pensais notamment au fait que mes parents s'opposaient à toute relation autre que celle entre ma cousine et moi. Et au fait qu'il ne me semblait pas avoir vu apparaître son nom dans la liste restreinte des sorciers de sang-pur asiatiques qu'ils consultaient à chaque fois qu'ils devaient entrer en contact avec une personne. Malgré tout, une part de moi était tentée. Je baissai les yeux au sol.

- Cela dit, je dois t'avouer que tu ne me laisse pas indifférent...

Le taquet de la porte s'ouvrit, laissant entrer Hyun-Su.

- Je ne sais pas si je t'aime, Kurosawa Ryôga. Néanmoins ta confession m'a touchée. Et ton dessin...

Sa main prit un papier dans sa poche puis le déplia. C'était mon dessin !

- Ton dessin est très flatteur. Je crois que tes paroles étaient sincères. Seulement, si je réponds par la réciprocité, je... Je ne pense pas que ce soit ce qui te rendrait le plus heureux...

Ces paroles me furent ressentir un drôle d'effet, j'étais à la fois heureux qu'il ait apprécié mon dessin, et intrigué pour ce qu'il a dit après. Si je l'aime, pourquoi je ne voudrais pas savoir qu'il m'aime aussi ? Il est très charmant, mais je dois avouer qu'il n'a pas beaucoup de logique... Mais je pense qu'il avait une raison de dire ça, il n'est pas comme Park Dae Hyun lui, il n'est pas stupide.

- Cela dit, je dois t'avouer que tu ne me laisse pas indifférent...

- C'est vraiii ?

Un sourire se dessinait sur mon visage et mon regard fixait ses yeux, la seule partie de son visage que je trouvais expressive -avec autre chose, mais je n'ai pas accès à ce type d'information.

- C'est vraiii ?

Son visage était souriant. Il ne semblait pas avoir compris que m'aimer était dangereux. Mais face à ce sourire, je ne pouvais rester de marbre. Après tout, j'allais sûrement devoir quitter le manoir demain. J'allais peut-être perdre ma famille, et être ainsi libéré de ce lourd fardeau qu'était l'Honneur. Malgré ma réticence à entrer en contact avec les gens, je fis un effort et posai la main sur sa joue.

- Oui...

Puis, sans réfléchir, j'approchai mon visage du sien et lui déposai un baiser sur la joue. Je m'éloignai cependant très vite, et sorti de la pièce, craignant que mon visage ne trahisse ma gène par quelque couleur écarlate. Je pensai à quelque chose de sinistre pour éviter que le sang ne me monte aux joues. Puis je le regardai dans les yeux.

- Allez, ne reste donc pas là. C'est lugubre et malsain.

Mon ton était bien sûr froid, mais les mots trahissaient mes émotions internes. J'étais doux. Pour la première fois depuis bien longtemps, je me montrais amical. Je n'étais pas moi-même. J'avais dû abuser un peu sur l'alcool, tout simplement...