Shinie, j'ai fait un cauchemar... (PV Youngie&Shinie)

Je cours. Je cours sans m'arrêter, effrayé, en fuite. Derrière moi, une silhouette se déplace lentement, sans visage, avec la démarche d'un pirate à la jambe de bois. Mais malgré sa lenteur, elle me rattrape. Je cours. Ma respiration est haletante. Ce couloir ne se fini pas, y a pas de bout, je cours en vain. Mon lacet se défait, je trébuche. Je tombe.

Je me réveille le souffle court, yeux écarquillés, assis en angle droit au beau milieu de mon matelas à eau, avec Monsieur Nounours dans les bras. Encore ce foutu cauchemar. J'en ai marre. Après avoir repris mes esprit, je me lève et me dirige lentement, la peluche serrée contre moi, vers ma porte de chambre. Il doit être tard, j'vais devoir affronter le couvre feu. Mais c'est pas comme si j'avais jamais fait ça, hein. J'actionne la poignée, jette un oeil dans le couloir pour vérifier que j'ai aucun risque de me faire chopper. Personne. Je sors de ma chambre, fermant ma porte à clé, et traverse le couloir sur la pointe des pieds jusqu'à la porte de la chambre de JaeHee. Je resserre mon étreinte sur Monsieur Nounours et pousse la porte. Des deux lits présents dans la pièce, il n'y a que le sien qui est occupé. J'ai entendu dire que son compagnon de chambre avait un mec maintenant, il est surement parti dormir avec. Tant mieux. Je referme la porte derrière moi et me glisse dans les draps de JaeHee, qui dort à poings fermés. J'enlève quelques mèches qui lui tombent devant le visage et lui fais un bisou sur la joue. Je le sens sursauter, puis le retiens de faire un grand geste.

- C'est moi, mon Shinou, c'est moi !

Avant de le laisser répondre, je l'embrasse goulûment. Dire que la dernière fois qu'on s'est vu, on s'était presque tapé sur la gueule ! JaeHee et moi, c'est quelque chose de particulier. Je sais pas comment le considérer, ça change à chaque fois qu'on se voit. Tantôt on est amis, parfois ennemis, parfois même c'est des relations assez compliqués. Un peu ambiguës, même. Mais bon, j'm'en accommode. Et j'pense que lui aussi. Je pose la tête contre son épaule, ravalant mes larmes.

Je me couchai tranquillement dans mon lit, les yeux fermés et ne pensant à rien. Soudain, la plus belle chose arriva. Je chevauchais un pur sang anglais dans le vent entre les petites fleurs des champs. Nous galopions dans les plaines, ses sabots claquaient contre le sol et sa crinière ondulait dans le vent. Puis je rencontrai un créature divine. Mais elle était encore floue, je ne voyais qu'une lueur autour d'elle, sa silhouette se dessinait devant moi. Je commençais à découvrir son visage, des yeux magnifiques et un regard enchanteur.

Et d'un coup, le néant. Tout était noir. Je sentais comme une secousse sur mon épaule. Et j'entendis à peu près ces mots :

- C'est moi, mon Shinou, c'est moi !

Cette personne qui a stoppé net mon rêve, elle était bien marrante. C'est vrai j'aime bien les gens qui disent " C'est moi ! " ; ce qui ne sert totalement à rien. Je sais quand même qu'elle est elle même quoi.

Et soudain, le conscient reprit l'avantage sur l'inconscient. Le sursaut. Je sentais que ma main fût retenue quand je sursaute. J'ouvre enfin les yeux entièrement. C'était Youngie ! J'aillais pour lui parler. Mes lèvres s'ouvrèrent. Mais je n’eus pas le temps de parler avant que Youngie ne m'embrasse. Mon coeur battait et dans ma tête je revivais les derniers instants de mon rêve. Et là j'ai compris une chose. La créature de mon rêve était là. Devant mes yeux et je ne devais la lâcher. Je ne me suis donc pas débattu et j'ai compris à quel point je tenais à lui.

C'est dès qu'il s'arrêta que je lui dis:

-Youngie ? Je... Non rien.

J'hésitais à lui dire... Lui expliquer que je rêvais de lui et lui raconter mes pensées ou ne rien lui dire ? Je savais que Youngie était moqueur, et qu'il était susceptible de se moquer de moi si je lui expliquais tout. Mais j'ai fini par me dire qu'il valait mieux lui en parler plus tard. Après tout, ce n'était qu'un rêve...

-Youngie ? Je... Non rien.

Je levai les yeux vers lui et lui souri. Il était encore à moitié endormi. Sans savoir vraiment ce que je faisais, je me mis face à lui et lui volais encore un bisou. Il est peut-être pas le plus gentil mais c'est auprès de lui que j'me sens le mieux, peut-être parce qu'il m'a jamais fait de mal alors qu'il en aurait souvent eu l'occasion. Je jetai Monsieur Nounours dans le lit d'à côté, et me serrai contre Jaehee. Je sentais son coeur battre à tout rompre - le mien était pas mal dans le genre non plus. Pourquoi ? Pourtant on est complètement différent. Il est calme, sérieux, ténébreux, et se met toujours la pression alors que moi, j'suis juste un surdoué qui sait pas rester sérieux une minute, un vrai gamin, qui trouve jamais rien de mieux que de se foutre de la gueule des gens.

- Shinou, j'ai fait un cauchemar...

Ouais ok, j'ai l'air con à pleurer pour ça. J'suis plus un gosse pourtant. Mais c'est tellement fréquent ces temps-ci que j'ai peur. Je nous vois dans le grand miroir, serrés l'un contre l'autre, comme si... Non ! C'est juste comme ça. Parce que j'ai fait un cauchemar. Sinon on serait pas collés comme ça. On est juste amis. C'est tout. Rien de plus...

- Raconte ça à ton Shinou !

Sa main me parcourait le dos tandis que je cherchais mes mots. Mes cheveux passèrent du brun au blanc tellement l'angoisse s’emparait de moi.

- Un couloir sans fin, dans lequel je courrais encore et encore, poursuivi par une chose... Effrayante. Une sorte de zombie, peut-être, mais avec des pouvoirs puissants. J'avais beau courir aussi vite que je le pouvais, lui avec sa rapidité digne d'un escargot il me rattrapait ! Et j'suis tombé... J'me suis réveillé parce que ma respiration s'était arrêtée...

Je pris sa couverture et la remontai jusqu'au haut de ma tête, les yeux pleins de larmes et les membres tremblants. C'était la première fois que je faisais un cauchemar depuis que je vivais ici, à l'Académie. Depuis que je ne voyais plus mes parents, je faisais toujours des rêves délicieux, sucrés, sensuels ou charnels. Jamais de cauchemars. Mon enfance resurgissait, alors que je ne voulais plus en entendre parler, ni même y penser. Je me sentais à nouveau comme cet enfant sans défense que j'étais lorsque ma mère m'enfermait dans ma chambre, ou que mon père me jetait des bols pour que j'arrête de l'appeler "P'pa". C'était parti pour une crise de larmes incontrôlable. Et JaeHee allait sûrement me prendre pour un gamin, car je ne lui avais jamais parlé de mon passé. Il ne pouvait pas comprendre. Juste supposer, je pense.

- Pardon JaeHee je devrais pas t'emmerder avec ça... Après tout c'est rien de plus qu'un simple cauchemar...

Je me levai alors, embarquant avec moi sa couverture que j'enroulai ensuite autour de moi comme une sorte de cape, et m'approchai de la fenêtre pour regarder la lune et les étoiles. Reprends toi, Youngie. T'es à des kilomètres au-dessus d'eux. Ils te feront aucun mal. Je frissonnai.

- Un couloir sans fin, dans lequel je courrais encore et encore, poursuivi par une chose... Effrayante. Une sorte de zombie, peut-être, mais avec des pouvoirs puissants. J'avais beau courir aussi vite que je le pouvais, lui avec sa rapidité digne d'un escargot il me rattrapait ! Et j'suis tombé... J'me suis réveillé parce que ma respiration s'était arrêtée...


Cela m'a fait repensé à mon enfance. A cause mon père et de sa pression constante et permanente, il m'arrivait souvent de cauchemarder... Je rêvais de liberté le plus souvent, mais il m'arrivait de me retrouver dans une dictature où les massacres étaient normaux et les génocides très courants. Bref, c'était le bordel quoi ! La guerre civile. Enfin bon, c'était que des cauchemars.

- Pardon JaeHee je devrais pas t'emmerder avec ça... Après tout c'est rien de plus qu'un simple cauchemar...

J'avais de plus en plus envie de lui parler de mes rêves. Surtout que j'avais réussi à dévoiler la créature qui était en fait Youngie. Mais j'hésitais. C'est encore un gamin, il n'a pas l'habitude d'être traité comme les autres. C'est normal qu'il cherche un grand frère ! Mais moi, je suis un grand. C'est vrai les grands en ont rien à foutre de leurs rêves en général. Mais je n'étais pas un grand comme les autres. C'est pour ça que lorsqu'il se mit à la fenêtre. Je m'approchai de lui. Regardant moi aussi par la fenêtre.

- Tu sais Youngie, moi aussi j'ai quelque chose à te raconter... Voilà, alors depuis des semaines je rêve d'une créature divine. Dans un monde parfait et magnifique. Un monde imaginaire où seul cette créature et moi vivons. Seulement cette créature est une personne voilée dont je tombe amoureux jour après jour. Je suis sur un pur sang anglais et j'essaie de m'en approcher chaque jour. Et j'y arrive. Seulement cette nuit j'ai réussi à lui retirer son voile. Et j'ai découvert que...

Je me mis derrière lui et le pris dans mes bras... Mon coeur battait très fort et je n'avais qu'une envie, finir ma phrase. Mais d'un côté, je voulais le laisser deviner car - étonnant venant de moi - j'avais peur. Je finis par l'embrasser dans le cou.

-Que c'était toi.

-Que c'était toi.

Je me figeai sur place. Je sentais ses lèvres dans mon cou, ses bras autour de moi. J'eu un instant de choc, puis la panique s'empara de moi. C'était la première fois que quelqu'un disait être amoureux de moi. J'en avais la boule au ventre. Je me décalai, me retirant doucement de ses bras. Un pas, rien de plus. Mais un pas symbolique.

- Jae Hee, écoute... Tu peux pas être amoureux de moi. Réfléchis, je suis pas quelqu'un de bien. Je suis méchant avec toi... Tu te rappelles des Catacombes ? Comment peux-tu m'aimer après ça hein ?

J'avais peur. A la fois peur de le blesser, et peur qu'il s'énerve après moi. Son camarade de chambre n'étant pas là, je suis ici sans défense. Je pouvais crier à l'aide pour que Suwa vienne le stupefixer, mais je n'étais pas sensé être là. Mais de toute manière il n'aurait jamais levé la main sur moi. Je le savais. Je lui pris la main.

- Je suis désolé Jae Hee, je t'aime énormément ça ne fait aucun doute mais tu mérite mieux que moi.

Je lui déposai alors un baiser sur la joue et partis m'allonger dans le lit inoccupé de Jiwan, où se trouvait Monsieur Nounours, emmitouflé dans la couverture et suçant mon pouce. Pardon JaeHee... Pardon...

J'embrassais Youngie dans le cou quand il se retira. Il m'avait vexé. Je me sentis mal sur le coup.

- Jae Hee, écoute... Tu peux pas être amoureux de moi. Réfléchis, je suis pas quelqu'un de bien. Je suis méchant avec toi... Tu te rappelles des Catacombes ? Comment peux-tu m'aimer après ça hein ?

Et je sentis une larme couler sur ma joue. Le désespoir régnait en moi. Cela ne m'était jamais arrivé avant. J'avais l'habitude d'être quelqu'un de robuste. Je ne m'étais jamais senti aussi vexé. Même quand mon père me faisait des remarques, même quand il levait la main sur moi, j'avais moins la boule au ventre. Quand Youngie me dit ça, j'étais ravagé. Mais je ne voulais pas lui dire. Je ne voulais pas qu'il se sente coupable,en plus j'aurais l'air con. C'est vrai, ce n'est qu'un gamin.

- C'est vrai, j'ai dû me faire de fausses idées. Tu as raison. En même temps, tu sais tout, t'es un génie après tout !

Il me prit la main.

- Je suis désolé Jae Hee, je t'aime énormément ça ne fait aucun doute mais tu mérite mieux que moi.

Il me fit un bisou sur la joue et il se jeta dans le lit de Ji Wan. - qui n'est jamais là en ce moment d'ailleurs, je sais qu'il a un copain mais il pourrait au moins penser à moi ! - Je ne le regardais pas, je contemplais les étoiles à la recherche d'un peu de tendresse. Après quelques minutes sans rien faire. Je lui dis entre mes dents.

- C'est pas grave... Mais à l'avenir saches que je serai là si t'as besoin...

Tandis que je me cachais dans les draps du gars-bizarre, mon ami était resté près de la fenêtre, là où je l'avais laissé, et regardait les étoiles. Quelques minutes passèrent avant qu'il n'ouvrit la bouche.

- C'est pas grave... Mais à l'avenir saches que je serai là si t'as besoin...

Il parlait entre ses dents. J'avais la boule au ventre, et le sentiment de lui avoir fait du mal. J'étais vraiment mal à l'aise. Sans savoir pourquoi, je me levai à nouveau et laissais tomber mon Nounours par terre. Je m'avançai lentement vers lui, pas à pas, et passai mes bras autour de sa taille. Je pris alors la position qu'il avait pris quelques minutes avant, mes lèvres collées à son cou. Une larme coula le long de ma joue et s'échoua sur son épaule.

- Je suis vraiment désolé... Vraiment...

Je pris une profonde inspiration. Ma voix tremblait, mais j'étais sûr de ce que je disais. Quoi que...

- T'es pas obligé d'être aussi gentil avec moi tu sais, je le mérite pas... Je tiens à toi bien sûr mais je suis pas quelqu'un de recommandable, tu me connais, j'ai un palmarès assez... Enfin, tu vois quoi. Avec ma réputation et mon incapacité à resister aux tentations... Non en fait, avec mon feu au cul, tu pourrais jamais être heureux avec moi.

Tout en parlant mes mains étaient un peu descendues, frôlant dangereusement son intimité. Choqué par moi-même, je les retirai vivement, le visage tournant au rouge. En espérant qu'il n'avait rien remarqué, bien sûr. Mais mon geste risquait de ne pas être passé inaperçu, d'autant plus à la vue de la vivacité dont j'avais fait preuve pour me rattraper.

Youngie me prit dans ses bras et m'embrassa dans le cou... Un larme coulait le long de sa joue pour finir sur mon épaule.Etait-ce un symbole de tristesse ou de culpabilité ? Je n'en savais rien...

- Je suis vraiment désolé... Vraiment...

Je le sentais sur mon dos, mais je ne pus savoir quelle expression il avait. Je ne le regardais pas, je n'avais pas envie de revoir son visage.

- T'es pas obligé d'être aussi gentil avec moi tu sais, je le mérite pas... Je tiens à toi bien sûr mais je suis pas quelqu'un de recommandable, tu me connais, j'ai un palmarès assez... Enfin, tu vois quoi. Avec ma réputation et mon incapacité à resister aux tentations... Non en fait, avec mon feu au cul, tu pourrais jamais être heureux avec moi.

Ses mains descendaient sur mon corps au fur et à mesure, jusqu'au moment ou ses mais finirent par toucher une partie privée de mon corps. Il se hâtait de les retirer. Je voulais me retourner et j'étais de plus en plus attiré par son côté " Je me fiche de tout, je suis un gamin, mais je m'en fous j'ai le droit d'être un pervers pour autant ". Je finis par me retourner, il était cramoisi, je crois qu'il se sentait con en fait. J'en avais marre, il me mettait un vent et deux secondes après il venait à me toucher les intimités. Je lui déposai un bisou sur la joue en lui disant :

- Bonne nuit Youngie. Si tu veux le lit de Ji Wan est encore inoccupé.

J'étais fatigué et il m'avait déjà réveillé à plusieurs reprises.De plus, j'étais trop vexé pour continuer de lui parler. J'allai dans mon lit et m'endormais en regardant Youngie.

Les paroles de JaeHee eurent l'effet d'un coup de point. J'avais pas su me retenir, c'était tout moi, ça. Confus, je ne lui tenu pas tête. Tandis qu'il s'allongeait tranquillement dans son lit, je posai mon postérieur sur celui de son camarade de chambre, et ravalai mes larmes. Si on m'avait dit quelques temps plus tôt que j'allais pleurer pour ce type, j'y aurais pas cru tout simplement. J'attendis qu'il s'endormit pour aller m'asseoir au bord de la fenêtre qui était restée ouverte. Y avait pas de danger, on était pas très haut ; ce n'était que le premier étage du Temple. Je regardais le ciel découvert, les étoiles brillantes et la lune qui me narguait de son sourire. Je sortis ma baguette de mon caleçon pour en faire sortir un papillon lumineux, virevoltant autour de moi avant de disparaître sous forme d'une fine fumée d'argent. Je soupirai. Je n'étais bon qu'à créer des illusions - était-ce ça qu'ils appelaient l'intelligence ? Tout ce que je pouvais ressentir était éphémère de toute manière, mais ça n'empêchait pas que la douleur était là. Mes yeux scrutaient la surface des nuages, d'un blanc cotonneux, déserts. Toutes les lumières étaient éteintes, tout le monde dormait. Sauf moi. J'étais peut-être bien le seul sorcier éveillé à cette heure-ci. Je laissais mes pieds nus se balancer au rythme de la respiration de JaeHee, qui dormait à poings fermés. Une idée me passa alors par la tête. Plus jamais personne n'allait souffrir par ma faute dans ce temple. Je n'allais plus être ce briseur de coeur. A l'aide de ma baguette, j'écrivis sur le rebord de la fenêtre : "Ne t'en fais pas, je vais bien. Tu donneras à manger à Xoù en mon absence, hein ?", avant de l'embrasser une dernière fois - doucement pour ne pas le tirer de son sommeil, sauter par la fenêtre et courir sur la surface cotonneuse jusqu'à chevaucher Wladymir.

- Emmène moi loin d'ici.